JOURNAL DE BORD

L’ENTREE DANS UN METIER

Début septembre 2018

C’est la rentrée ! WAHOU !

Je suis très impatiente !!! J’ai même encore du mal à réaliser vraiment la situation… Je suis « maîtresse » !

Lundi je plonge dans le grand bain. Je suis dans une classe qui me convient bien à première vue, avec des CM2 en plus. Je suis ravie d’être avec un titulaire « super cool » et ouvert d’esprit qui va m’accompagner dans cette matinée de rentrée lundi matin. Cela me permet de rester sereine pour appréhender ces deux premiers jours.

Durant cette rentrée je serai moi-même c’est-à-dire souriante, dynamique, joyeuse et aussi très bavarde ! Même si une pointe de nervosité fera sûrement son apparition. Il ne faut pas oublier que ça sera « ma première fois », et comme toute première fois, nos émotions seront mises à l’épreuve  ! Ohlala je suis toute excitée !

Pour ce qui est des élèves, j’ai été bien « briefée » sur chaque élève par le titulaire. Faut dire qu’il est aussi directeur de l’école ! Photo de classe à l’appui et commentaires sur chaque élève concernant leurs  qualités, leurs défauts mais aussi, leurs comportements. J’ai donc déjà une petite idée de mon public mais j’ai hâte d’apprendre à les connaître par moi-même et de les rencontrer en vrai. J’espère qu’ils seront aussi heureux, dynamiques et curieux, suite à l’arrivée d’une nouvelle maîtresse. Et qu’ils auront eux aussi envie de partager beaucoup de choses avec moi, au cours de ces deux premiers jours de rentrée… En attendant le jour J…

Mi-septembre 2018

L’excitation que j’avais avant la rentrée, n’est pas redescendue ! Elle est même plutôt allée crescendo.

En revanche, niveau sérénité, j’en ai perdue un peu quand je me suis retrouvée avec mes collègues dans la cour de l’école. Je ne savais pas trop où me mettre. Ils semblaient tellement sûrs d’eux. Enthousiastes de reprendre, certains conservaient des traces de bronzage des vacances récentes. Moi, je bouillais intérieurement, mais je ne me sentais pas le droit de leur dire. Tous mes sens étaient aux aguets. Mon horloge intérieure avait des minutes d’avance sur les leurs.

Du portail de l’école, j’entendais monter les cris des enfants. Impatience de retrouver les copains ou tristesse de quitter le cocon familial ?
Puis tout à coup, l’arrivée fulgurante et massive de tout ce joli monde m’a prise de cours. Certains élèves faisaient la bise aux enseignants. Moi, je n’avais droit qu’à des bonjours polis et réservés, des grandes œillades et des discussions en petits groupes. Que se disaient-ils ? Etais-je le centre de leurs échanges ?

Concernant la description des élèves qu’avait pu me faire mon binôme avant la rentrée, je me suis aperçue que je n’avais écouté ces conseils que d’une oreille.
Je voulais et je veux me faire ma propre idée sur le public que j’ai devant moi. Je souhaite vraiment apprendre à les connaître par moi-même sans avoir d’influences. Le rapport enseignant–élèves dépend vraiment de l’accroche et de la relation qui se construit au fur et à mesure du temps et de l’année.

Sans perdre un instant, mais aussi pour me rassurer, j’ai choisi d’entrer par des éléments que j’affectionne tout particulièrement. La fourmilière CM2 s’est mise en marche. Je devais être la reine du jour.
Pour mes deux jours de rentrée, j’ai mis en place différentes activités comme l’art visuel, l’EPS, du travail écrit individuel sur table, des travaux de groupe, et j’en passe, qui m’ont permis de découvrir et d’observer tout ce joli petit monde sous des angles variés. Riche et intéressante a été cette journée !
Cela a puisé dans mon énergie car on passait du tout au tout. Cela m’a demandé aussi de l’adaptation et une bonne gestion de ce groupe classe.

Ma plus grosse appréhension était la rencontre et les premiers contacts avec les parents d’élèves. J’avais très peur que certains viennent me poser des tonnes de questions sur des sujets lourds et délicats comme sur ma pédagogie, les programmes, mon expérience professionnelle (un peu comme si j’allais repasser un oral du concours).

Alors au final, j’ai été très surprise de l’attitude des parents : c’était eux qui  étaient plus intimidés et non l’inverse. J’ai dû faire le premier pas, me présenter, leur demander de se présenter aussi. Après tout, j’avais un de leurs enfants dans ma classe. De les rassurer aussi sur la rentrée de leur bout de chou. De ne pas faire les timides non plus ! Je revois encore ces quatre mamans qui n’osaient pas pénétrer dans la classe pour faire un dernier bisou à leur enfant. Alors que celles-ci, à première vue étaient contentes et curieuses de découvrir, ou du moins d’entrevoir, l’aménagement de la classe. Le lieu dans lequel leur enfant allait passer la « dernière » année de l’école primaire.
J’ai donc su être avenante et bienveillante avec eux dans ces premières relations.

Octobre 2018

Le mois d’octobre a été chargé. Les premières visites de ma PEMF (professeur des écoles maître formateur) se sont bien passées. Gentille, dynamique, mais aussi exigeante, elle a su être très positive.

Mais également première visite de mon tuteur Espé (Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education) . C’est le formateur de notre groupe. Il nous a proposé de nous filmer. Et ensuite que cette séance filmée serait analysée avec les collègues du groupe de DU (diplôme universitaire).

Je n’avais pas l’angoisse de la caméra. Il m’avait déjà filmé en M2. Et là encore, il a su nous rassurer. Il faut dire que toute la séance avait d’abord été exposée sur le port folio aux autres collègues et au formateur. Chacune m’a donné son avis, m’a apporté des informations supplémentaires, d’autres pistes. Vraiment à force de me questionner sur ma séance en amont, je la connaissais par cœur.
Les élèves ont donc été comme à leur habitude : volontaires et participatifs.

J’étais contente du débat qui a été filmé.

Le jour de l’analyse en « Mise en Situation Professionnelle », on a aussi visionné la séance de Gwen, en maternelle. Le retour avec les collègues a été très intéressant et enrichissant !
Nous avons pu entendre les difficultés rencontrées dans certaines pratiques de classe. Les niveaux importaient peu.

J’ai trouvé étonnant de partager autour des différents gestes professionnels que nous mettons en œuvre dans nos classes pour « recapter » l’intention des élèves, d’un groupe, d’un ou d’une élève ou encore comment ramener le calme au sein du groupe-classe. Les images ne sont que des prétextes pour qu’on parle librement de notre pratique. Pas de jugement ! Génial !

Dans le visionnage de la séance de Gwen, j’ai pu retrouver certaines difficultés que j’ai moi même rencontrées lors de mes nombreux stages en maternelle en M1. Comme par exemple : comment gérer l’intrusion d’un ou d’une élève lors d’un atelier dirigé alors que l’élève doit être normalement sur un atelier autonome ? Comment éviter de trop parler et laisser verbaliser davantage les élèves ? Comment veiller à bien se placer pour avoir une vision d’ensemble des ateliers ? L’importance des supports en fonction des notions que l’on souhaite travailler comme « les grandeurs et mesures » ?

A moi de passer sur le gril. Je me vois en grand. Sur ma séance, elles ont toutes été bienveillantes. Depuis le temps que je leur parlais du débat, elles étaient impatientes de voir comment je me débrouillais pour mener ce temps. J’avais choisi plusieurs passages particuliers de la séance, et j’ai essayé de répondre comme j’ai pu à leurs questions.

 Pas facile de ne pas trop en montrer et de laisser la parole aux collègues. J’avais envie de devancer leurs préoccupations. J’étais fière de ce que je montrais. Mon formateur m’a tempéré. Et au final, je crois que je les ai rassurées et que d’autres vont tenter le débat en classe maintenant.

Vivement d’autres visionnages et retours avec les collègues sur nos pratiques !

Décembre 2018

Les vacances de Noël sont arrivées au bon moment. Pour moi, mais pour les élèves aussi.
Janvier arrive avec des nouvelles conditions climatiques. Aller dans le Nord Sarthe, risque de ne pas être aussi simple tous les jours. Mais bon, je verrai. Pourvu que ma voiture m’y emmène sans trop de souci.

Entre stagiaires DU, le spectre de l’inspecteur commence à occuper nos conversations. Cette inspection, je vois cela comme le « projet final » de l’année de DU. Suite à toutes les analyses, réflexions, projets, formations, retours de PEMF et formateurs ESPE, j’ai changé de posture et grâce à cela, j’ai une autre vision de moi-même et de mon action professionnelle ainsi que de mes compétences en cours d’acquisition ou acquises.

C’est tout cela que l’inspecteur verra de moi. Du moins, j’espère. Cependant cela restera un moment « stressant » car l’inspection sera courte. Ma toute première inspection de ma carrière !

Comment montrer qui on est vraiment et tout ce qu’on peut donner à la classe en si peu de temps ??? Je sais bien que les bulletins de visites seront un appui aussi pour lui et qu’il sait déjà d’avance en entrant dans notre classe, la personne que l’on est.

 

En revanche, avec la pointe de stress, je me questionnes sur ce que cela donnera vraiment le jour J et comment les élèves géreront aussi la présence de l’inspecteur. Serai-je à la hauteur de ce que je veux qu’il garde de moi ?

Mai 2019

Fin avril, l’inspection est derrière moi. Finalement c’est une inspectrice qui est venue. Celui de la circonscription n’était pas disponible. Il avait trop d’inspections à faire.
Elle s’est passée tout naturellement. Les élèves ont été parfaits. Comme à leur habitude ! Ils ne connaissaient pas cette personne mais ils savaient pourquoi elle était là. Mais rien ne les a détournés de ce que je leur demandais. Je crois que les collègues ont été plus impressionnés ou vigilants que moi, ce jour là.

Le temps d’échange est passé « super vite ». Je n’ai pas eu le temps de tout lui dire ce que j’avais en tête. Aucune question piège !
Et maintenant la dernière ligne droite de l’Espé ! La soutenance du quatre pages devant les collègues DU ! La soutenance de l’écrit réflexif devant mon formateur et une PEMF. Toute l’année en quelques minutes !

Plus les mois passent, et plus je m’aperçois que j’ai changé ! J’ai grandi professionnellement, je sais ce que je veux devenir.

En revanche, avec la pointe de stress, je me questionne sur ce que cela donnera vraiment le jour J et comment les élèves géreront aussi la présence de l’inspecteur. Serai-je à la hauteur de ce que je veux qu’il garde de moi ?