Suivi d’un projet architectural

 

Ce projet de construction d’un cabinet de kinésithérapie s’est étalé sur 20 mois environ de février 2007 à fin 2008, dans une petite ville du sud du Maine et Loire. Voici le début de cette expérience humaine relatée, étape après étape, presque jour après jour.

De l’idée au projet

Se lancer dans une construction, professionnelle ou personnelle, n’a rien d’anecdotique. Dans le cas présent, c’était pour « avoir un cadre de travail agréable et confortable ».

Les décisions finales restent l’apanage du maître d’ouvrage. Toutefois, même si elles reposent sur des éléments professionnels et personnels, tangibles, souvent elles demeurent assujetties à la réalité locale.

Les normes en cours, l’espace disponible, les autorisations nécessaires, les coûts, sont autant de points de blocage qui s’érigent au fur et à mesure que la réflexion avance.

Ainsi le maître d’ouvrage de ce futur cabinet de kinésithérapie voulait, au-delà de l’aide administrative et technique (mise en place du projet et suivi du chantier) « quelque chose de créatif et d’original dans les plans ».

A charge pour lui alors, d’oser pousser la porte d’un cabinet d’architecte. Mais lequel ?

Et là, la réputation basée sur la qualité du travail (réalisations précédentes..), mais aussi, la proximité géographique de l’architecte sont autant de facteurs qui influencent le choix final.

Dans le cas présent, le maître d’ouvrage n’avait pas d’idées précises sur l’architecture extérieure du bâtiment. Par contre, quelques demandes spécifiques sur l’aménagement intérieur, comme la présence d’une piscine, ont fait partie des incontournables de la discussion. C’est donc sans appui d’aucun croquis ou modèle préalable que la discussion a pris forme.

Comment faire évoluer l’idée de base sans pour autant donner l’impression qu’on s’est franchement écarté du projet initial ? Ce sont « les facteurs d’écoute et de conseil, de compréhension des besoins » qui ont sous tendu durablement les relations entre le maître d’ouvrage et l’architecte. Qualifiés de « constructifs et d’instructifs », les premiers entretiens ont permis de faire émerger les attentes, de formaliser les souhaits.

Les premières propositions de l’architecte sont venues stabiliser les idées initiales.
La vision des premiers plans et de la maquette a mis, ce sont ses mots, le maître d’ouvrage dans un «état d’euphorie». Aussi il a très vite apprécié « le travail de recherche, et l’originalité dans les propositions ».

Tout au long de cette phase de réflexion, les allers-retours fréquents témoignent de l’investissement des deux parties, et de la volonté de l’architecte de laisser la décision finale à l’apporteur de projet. Explication des différentes phases d’un tel chantier, anticipation des problèmes potentiels, autant de raisons de solliciter des échanges réguliers entre les parties.

La fonctionnalité du bâtiment et l’originalité architecturale basée sur l’emploi de différents matériaux ont emporté son adhésion et l’ont conforté de « se lancer dans cette grande aventure ».

Premières rencontres : du dessein aux dessins

Quand le maître d’ouvrage franchit la porte du cabinet d’architecte, son projet personnel existe déjà. Embryonnaire sur certains points, très précis sur d’autres. Il se voit déjà évoluer dans son nouvel environnement, le tout au beau milieu d’une organisation qu’il rêve spatialement parfaite. Il est temps pour lui de matérialiser ses envies.

Sans être totalement utopique, nombre de projections personnelles ne résistent pas longtemps aux contraintes locales.

Les dimensions du terrain disponible, les conditions de faisabilité, l’enveloppe financière prévue et les coûts estimés rendent parfois caduques les prévisions, les envies.

Fragile équilibre entre désir et possible. Au détour de quelques échanges, de quelques questions posées par l’architecte, le crayon joue alors sa partition au gré des mots prononcés. Il file la pensée, parfois la précède, bifurque, biffe, barre, entoure. De ces premiers tracés rapides, à main levée, le projet prend forme sur la feuille de papier vierge.
Sous la forme de dessins spontanés, toutes les possibilités d’implantation du bâtiment sur le terrain sont envisagées. L’exhaustivité des configurations est recherchée.

Mais, bien souvent, c’est après avoir procédé par élimination, par raturages successifs, des différents croquis incomplets, insatisfaisants qu’une solution émerge. Elle revient comme un leitmotiv, les mots du maître d’œuvre y trouvent des échos.

Les choix s’élaborent sur la base du compromis, il n’y a pas de solution miracle. La hiérarchie des priorités donne corps au projet.

Changement de regard : de la 2D à la 3D

Un peu de carton plume, quelques coups de cutter, de la colle et le tour est joué… Voici en quelques instants, la construction qui s’élève de la table.

La maquette permet de visualiser le projet tel qu’il se présentera à l’ensemble des intervenants, mais aussi et surtout à destination du maître d’ouvrage.

Cet assemblage de carton est la première représentation, à échelle réduite, de ce que sera la construction finale. Il est un élément important et indissociable de la phase d’étude.

 

Il apparaît dans les mains du maître d’ouvrage (le client), comme le modèle réduit de sa future construction.

Le projet est arrêté sur la construction de deux volumes en léger décalage : l’un pour les principales activités professionnelles, l’autre secondaire, en bardage bois, abritera la salle de gymnastique.

Cette partie sera largement ouverte sur le jardin, afin de profiter aisément de l’espace extérieur.

Côté toiture, le choix s’est porté sur le zinc pour la partie principale. Pour la seconde partie, ce sera une toiture à faible pente en bac acier.

La hauteur de l’édifice est de 5,77m sur la façade avant (l’entrée) et de 3,24m sur la partie gymnastique.

La couleur des menuiseries en aluminium sera anthracite. L’ensemble des façades sera recouvert d’un enduit gratté, sur un ton beige.

La dimension végétale sera traitée ultérieurement par le maître d’ouvrage

Interview du maître d’œuvre quelques semaines après le début des travaux

Quel effet sur vous de voir cette construction avancer ?
C’est bien ! Cela matérialise ce qu’on avait pu mettre sur papier au départ et ce qu’on pouvait avoir dans la tête. Je trouve que ça va vite ! Je pensais que ça allait mettre plus de temps.
Au départ, je sais que le gros œuvre, ça va toujours très vite par rapport aux finitions. Aujourd’hui, il y a presque dix jours d’avance sur le chantier. Donc ça s’enchaîne bien.

Cela vous rassure ?
Oui, ça veut dire qu’il n’y a pas de couac ! Finalement, il y a toujours des petits aléas, des petites erreurs mais qui sont corrigées assez rapidement.

Et voir des personnes travailler sur quelque chose qui va vous appartenir, vous ressentez quoi ?

Je trouve intéressant de voir les différents corps de métiers, j’apprends des choses. Je viens presque tous les jours.
J’apprends des noms comme le solivage, le voligeage, la couverture…

Suivre le chantier régulièrement, c’est important pour vous ?
C’est un avis très personnel, mais oui, qu’il y ait quelqu’un régulièrement sur le chantier me semble important.

C’est pour ça que j’ai pris un architecte. Qu’il y ait quelqu’un qui coordonne, c’est important.

Je me rends compte que, de part mon travail, je n’aurai pas eu le temps de coordonner tout ce qu’il y avait à coordonner. Il y a des trucs que je ne connaissais pas, chacun son travail !

 

L’outil que vous êtes en train de vous fabriquer correspond-il à vos attentes ou aurait il fallu penser à d’autres choses supplémentaires ?

Non ! J’ai fait faire quelques petites modifications surtout dans la partie qui était prévue comme détente, le studio, et qui, à terme, pourrait être un local de travail pour ma femme.

Pour l’instant pas de regret ! Ça reflète ce que j’avais vu dans les lieux où j’avais pu travailler avant, où j’avais pioché des infos comme la piscine, le banc…